Nike Tn Pas Cher Trente-huit ans de présidence, quatre de présidence d'honneur : Jean-Marie Le Pen affiche une longévité inédite parmi les dirigeants politiques français.
1972 Naissance du FN
Ce 5 octobre, seules quelques dizaines de personnes assistent au meeting de lancement du Front national, salle des Horticulteurs à Paris. Emblème du nouveau mouvement, la flamme tricolore reproduit celle d'un parti néofasciste italien, le MSI - qui a d'ailleurs assuré l'impression des affiches. S'il est président du FN, Jean-Marie Le Pen n'en est pas le seul fondateur : l'essentiel des forces militantes provient du mouvement radical Ordre nouveau. Habitué des bastons de boulevards, ce dernier souhaite désormais tenter l'expérience électorale sous une étiquette moins sulfureuse, et avec le patronage de l'ex-député Le Pen. La collaboration s'achèvera en queue de poisson, Ordre nouveau étant dissous en juin 1973 et un conflit de ligne opposant ses militants à un Le Pen jugé trop policé. Celui-ci reste seul maître à bord, mais se trouve privé d'équipage.
Lors de la création du Front National en 1972, Jean-Marie Le Pen se félicite de rassembler "des courants méfiants vis à vis du système électoraliste" dans son parti. (Capture d'écran. INA)
1984 Le Pen crève l'écran
«Monsieur Le Pen, vous faites peur !» Ce 13 février, c'est un accueil plutôt froid que reçoit le président du FN sur le plateau de l'Heure de vérité, émission politique phare Tn Nike d'Antenne 2. Cet épisode n'en est pas moins une consécration pour l'invité du jour. Quelques mois plus tôt, son parti a fait sensation en s'associant au RPR lors d'une municipale à Dreux (Eure-et-Loir), les alliés remportant le scrutin. Aux cantonales suivantes, le FN a aussi obtenu quelques bons résultats en martelant son credo anti-immigration : depuis la fin des années 70, ce discours a remplacé l'anticommunisme comme cheval de bataille du parti. Jean-Marie Le Pen est bousculé lors de l'émission, mais, à sa suite, le FN voit exploser les demandes d'adhésion. Quatre mois plus tard, il enregistrera un premier succès national aux élections européennes, recueillant 10,95% des voix.
1986 De retour à l'Assemblée
Tout en haut, à droite : c'est à cet endroit de l'hémicycle que prennent place les 35 députés FN élus en mars 1986. Et notamment leur leader, Jean-Marie Le Pen. Trente ans après son premier mandat, l'ex-poujadiste retrouve le Palais-Bourbon à la faveur d'un bref retour au scrutin proportionnel, décidé par François Mitterrand. Consécration d'une stratégie de crédibilisation du FN, qui s'est efforcé de présenter de nombreux notables.
le président du Front National Jean-Marie Le Pen s'exprime, le 09 avril 1986, à la tribune de l'Assemblée nationale à Paris. AFP PHOTO GEORGES BENDRIHEM
Jean-Marie Le Pen, président du Front national, à la tribune de l'Assemblée nationale en 1986. (Photo Georges Bendrihem. AFP)
1987 Fatal «détail»
Ce 13 septembre, Le Pen est malade. On envisage un moment d'annuler sa venue sur RTL, où il est l'invité du Grand Jury. Le président du FN s'y rend tout de même et se voit questionné sur les thèses des négationnistes. «Je ne dis pas que les chambres à gaz n'ont pas existé, répond-il. Je n'ai pas pu en voir moi-même. […] Mais je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale.» Le tollé est immense. En interne, le débat fait rage : faut-il rétropédaler ou rester ferme ? Le Pen optera pour la seconde option, reconnaissant «le martyre du peuple juif» sans renier le mot «détail». Il rééditera ses propos à plusieurs reprises, entretenant le ressentiment d'une partie de l'appareil frontiste à son égard. Aux présidentielles de 1988 et de 1995, il recueillera respectivement 14,38% et 15% des voix.
1999 La scission avec les mégrétistes
Le Pen conspué par une partie de ses troupes : la scène, inédite depuis les premières années du FN, a lieu le 5 décembre 1998 à la Maison de la chimie à Paris, lors d'un conseil national du parti. Le conflit est désormais patent entre le président frontiste et son numéro 2, Bruno Mégret. Chez les mégrétistes, on n'est pas forcément plus modéré que Le Pen ; on est, en revanche, beaucoup plus soucieux que lui d'exercer le pouvoir, donc d'en finir avec les provocations répétées du patriarche. Officielle en janvier 1999, la scission provoque une hémorragie de cadres et de militants. Le Pen remportera finalement la partie sur le plan électoral, mais l'alerte a été rude, et les conséquences seront durables.
2002 Un succès en trompe-l'œil
«Entrez dans l'espérance !» Au soir du 21 avril 2002, pour la première fois en quatre candidatures présidentielles, le discours de Jean-Marie Le Pen est celui d'un participant au second tour. Mais la mobilisation populaire anti-FN ainsi que la désorganisation du parti auront raison de l'élan frontiste. De cet épisode naîtra chez quelques jeunes pousses, dont Marine Le Pen, l'idée d'une nouvelle phase de dédiabolisation du parti. La fille du chef sera nommée l'année suivante vice-présidente, à la grande colère de certains cadres conservateurs qui mèneront contre elle une petite fronde interne. En 2007, enfin, le dernier round de Jean-Marie Le Pen tourne au désastre. La présidentielle (10,44%) et les législatives sont un échec dont le FN sortira ruiné et proche de la disparition.
photo d'un écran de télévision montrant le candidat du Front national Jean-Marie Le Pen prononçant un discours à l'issue du premier tour de l'élection présidentielle, prise le 21 avril 2002 à Paris au QG de campagne du candidat-président Jacques Chirac. Jean-Marie Le Pen et Jacques Chirac s'affronteront au 2e tour. AFP PHOTO PATRICK KOVARIK
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En profitant de la division de la gauche, Jean-Marie Le Pen se hisse au second tour des élections présidentielles face à Jacques Chirac, le 21 avril 2002. (Photo Patrick Kovarik. AFP)
2011 Le passage de témoin à sa fille
Ses derniers mots en tant que président du Front national, Jean-Marie Le Pen les a prononcés ce 15 janvier, lors d'un congrès du parti à Tours. Petite consolation pour le sortant : il s'agissait de proclamer les résultats faisant de sa fille Marine son successeur. Au fil de la campagne interne, Jean-Marie Le Pen n'a pas ménagé son soutien à cette dernière, qui l'emporte largement sur Bruno Gollnisch.
Le «Vieux» se voit alors octroyer par les adhérents le titre de président d'honneur du mouvement, qui en fait un membre de droit de toutes les instances frontistes. En retrait, mais pas en retraite, comme il va désormais s'acharner à le rappeler.
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