Seuls une trentaine de journalistes (et une palanquée de policiers) sont présents au stade olympique de Sousse, arène antique à ciel ouvert, pour rendre compte du match. Depuis la révolution de2011, la ligue domestique a pris un drle de tour. Passé l'interruption duchampionnat, il y a d'abord eu une phase de huis clos en2012 avant que la fédération et le tn pas cher taille 37 ministère de l'Intérieur ne décident d'interdire les déplacements des fans adverses (à quelques dizaines de privilégiés près) et de limiter de faon drastique le nombre de spectateurs dans chaque stade : seuls 8 000personnes ont pu par exemple se rendre au stade de Radès (dans la banlieue de Tunis) le mardi 24décembre, pour le grand derby tunisois entre le Club africain et l'Espérance(2-2) dans une enceinte qui peut en accueillir 54 000. Dernière mesure en date : ne pas autoriser l'accès aux spectateurs de moins de 20ans. Au ministère de l'Intérieur, vaste paquebot blanc, résurgence de cauchemars pour des générations d'opposants tunisiens, Mohamed Ali Aroui, porte-parole trapu au costard bleu pétrole jonglant avec trois portables, se justifie ainsi : C'est un choix stratégique. La situation sécuritaire est critique. On ne peut nike air rift metallic gold pas mettre des policiers partout, ni tolérer des matchs violents. Avec la fédération et la ligue, on essaie d'augmenter le nombre de spectateurs, mais a prend du temps. Sinon, on a interdit l'accès aux moins de 20ans car beaucoup sont des casseurs. Corniche. Au stade olympique de Sousse, alors que les radioreporters font monter la température comme s'ils rappaient, on évoque le cas de Nidhal Selmi, dont la famille a appris la mort le16octobre. La plupart des journalistes présents ne le connaissent pas. Contrairement à Ali Khallouli, 27ans, journaliste à JawharaFM : Il était brillant et destiné à un grand avenir. Le pire, c'est qu'il est devenu célèbre après sa mort comme jihadiste tunisien, pas comme footballeur. Avec la liberté d'expression, tout est ouvert ici. Il y a comme un parfum d'interdit, de transgression. Il y a Nike Requin tous ces clips qui circulent sur Internet qui célèbrent le jihad avec des paroles agressives contre les mécréants. Il y a même des CD de ces chansons a cappella qui s'échangent et les gamins observent, écoutent. Tic-tac, tic-tac… A Damas ou en Irak, pour moi, c'est une guerre où des Arabes tuent d'autres Arabes, au nom de leur religion commune qui pourtant l'interdit. Au Maranello, un salon de thé-restaurant aux couleurs de Ferrari sur la corniche de Sousse, le patron, Marouane Arous, 47ans, rêve d'appeler son établissement le Vélodrome : Mais, pour a, je devrais changer toute la décoration. Haute stature et costume marron bien taillé, c'est un ancien dirigeant de l'équipe espoirs de l'Etoile sportive du Sahel (ESS), où Nidhal Selmi a grimpé les échelons. D'abord, Marouane Arous peste contre la politique actuelle du club : Ils rift greater air elemental ne recrutent que des gars qui viennent pour les grosses sommes et bafouent l'ADN du club. Ils empêchent nos jeunes de jouer. Ensuite, il se souvient de Nidhal Selmi : Personne ne l'a vu basculer. C'est quelque chose qui s'est fait petit à petit. Il y a des gens qui exploitent les faiblesses humaines, peut-être à la mosquée de Sahloul [àSousse, ndlr], ce n'est pas possible autrement. Il a décidé d'aller combattre les armées de Bachar al-Assad pour aller au paradis. Comme s'il avait programmé sa mort. A l'été2013, mécontent de son statut à Sousse, Nidhal Selmi se rend à Tripoli pour faire un essai à Al-Ittihad, un des clubs majeurs de Libye. Il renouvelle l'expérience le mois suivant à Monastir, qui évolue en première division tunisienne. Les deux fois, l'expérience est concluante. Mais l'Etoile ne veut pas le lacher, et Cheap Jordan Shoes Nidhal Selmi reste à regret. Au fond, il était fataliste explique Béchir Zelama, 28ans, le kiné des espoirs del'Etoile du Sahel. Il me disait : "Si je signe tant mieux, sinon j'irais ailleurs." Il n'était guère différent des autres, il avait un iPhone5, écoutait du reggae et de la house mais ne cédait rien sur sa vie privée. Je le titillais sur le jihad, mais il restait trèszen. En janvier2014, le latéral de l'Etoile a acquis la conviction qu'il ne signerait pas pro de sitt. Alors qu'il est blessé, personne ne s'inquiète de son absence à l'entranement. Début février, des membres du club appellent chez lui pour avoir des nouvelles. Son père, garagiste, explique alors que Nidhal Selmi est allé chercher des pièces détachées en Libye. Zelama, le kiné, a eu la même réponse que les autres. Du coup, il le contacte sur Facebook. Quand j'ai vu qu'il avait changé la photo sur son compte [à la place d'un Nidhal Selmi souriant, on y voyait le drapeau noir de l'Etat islamique, l'organisation salafiste qui a militairement conquis une bonne partie du nord de la Syrie et de l'ouest de l'Irak, ndlr], je lui ai demandé s'il était en Syrie. Il s'est déconnecté. Puis, il s'est rebranché et m'a dit : "On se retrouve au paradis." J'ai essayé de le contacter plus tard, il n'a jamais répondu. A Sousse, anciens amis, coéquipiers ou dirigeants, souvent apeurés, cherchent à comprendre la lente glissade du jeune espoir du foot, le moment critique, la bascule. La proximité des salafistes Les radicaux à la mosquée de Sahloul La propagande Le premier voyage en Libye Le frère ané, parti faire des études de théologie auCaire Le père Chacun a sa propre explication. Chokri Lamiri, ancien vice-président de l'ESS, théorise : Les footballeurs sont des cibles parfaites. Ils sont physiquement aptes, n'ont pas fait d'études et sont aisés à manipuler. Il ne suffit plus que de leur apprendre à se servir des armes et des explosifs. De tous les dirigeants de l'ESS, Mohamed Marwani est le plus proche de la famille Selmi. C'est lui qui a appris à Fathi, le père, que Nidhal Selmi était en Syrie. J'étais faché parce qu'il racontait à tout le monde que son fils était en Libye. Je lui ai dit de vérifier sur Facebook, et il était très triste. Je sais que les parents de Nidhal et Rayan sont allés à la frontière turco-syrienne, via un bus depuis Antalya, en Turquie, cet été, mais je ne sais pas s'ils les ont vus. Couverture. Mi-octobre, les proches se pressent au domicile familial pour le rite musulman des trois jours de deuil. On dispose des chaises, de l'eau et du café pour les arrivants. Les parents, dévastés, pleurent quand ils voient les jeunes coéquipiers de Nidhal. Son petit frère, un des jumeaux de12ans, a mis une photo de lui, mort, sur Facebook. On n'y voit que sa tête, les yeux clos, le reste du corps est recouvert par une couverture. On ne lave pas les martyrs, on les enterre tels qu'ils sont au moment où ils décèdent, explique Marouane Arous, le patron du Maranello. Chiheb ben Fradj, ancien coéquipier de Nidhal Selmi dans les équipes de jeunes de l'ESS, raconte le choc : J'ai réalisé quand j'ai vu la photo. Il n'avait plus rien à faire ici, son futur était ailleurs. On communiquait sur Facebook, et il postait des vidéos où il s'entranait en groupe à la kalachnikov. Ce sont les dernières nouvelles que l'on aeues. Nous savions qu'on n'était pas prêts de le revoir. Au mieux, il rentrait et l'Etat le mettait en prison. Et encore, même s'il avait voulu, Daech ne l'aurait pas laissé faire, ils l'auraient tué. Révolte. Au Maranello, ce mardi 1erdécembre au matin, tous les clients se passionnent pour la première session du nouveau Parlement tunisien à la télé. L'un d'eux résume à la volée l'atmosphère ambiante : Auparavant, on avait 10millions de sélectionneurs de foot. Maintenant, on a 10millions de constitutionnalistes, une allusion aux innombrables heures de débats diffusés sur la question et au nouveau tropisme local pour la chose publique. On tente une nouvelle fois de joindre Fathi Selmi, le père de Nidhal, qui avait accepté le principe d'une interview avant de se raviser. Au téléphone, il est sibyllin, mais plaide la conviction et la révolte : Nidhal est parti aider le peuple syrien à combattre les troupes de Bachar al-Assad après avoir vu des vidéos qui l'ont mis en colère. Il est mort en défendant ce en quoi il croyait. Ce n'est pas tout le monde qui laisserait tout tomber pour choisir une autre voie. Mohamed Aloulou, ancien président du Club sportif sfaxien et furtif ministre des Sports du premier gouvernement de transition post-Ben Ali : Nidhal, en arabe, a veut dire "combat pour la cause". Ce prénom est donc l'uvre d'un père qui a des penchants idéalistes. D'une certaine faon, le fils s'est montré à la hauteur. Nidhal était un exalté, qui s'est senti à un moment rejeté et qui a tracé sa voie céleste. C'est le schéma des martyrs.
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